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Abies marocana Trab.

A. pinsapo subsp. marocana (Trab.) Emberger & Maire. A. pinsapo var. marocana (Trab.) Ceballos & Martín Bolaños.

Fra.: Sapin du Maroc, sapin du Rif.   Esp.: Pinsapo rifeño, abeto rifeño.   Ang.: Moroccan fir.   Ara.: Echuh, chohh, chokh, esnubara, snuber.

Arbre à feuilles persistantes, monoïque, à port conique-columnaire atteignant jusqu’à 40 m. Tronc droit de 1-1,5 m de diamètre, à écorce brun-cendré, profondément fendillée chez les plus vieux exemplaires. Rameaux généralement verticillés qui naissent et se disposent perpendiculaires au tronc. Ramilles opposées ou verticillées par 3, d’où naissent perpendiculairement les feuilles en disposition radiale, plus ou moins tordues à la base, donnant à l’ensemble des ramilles et feuilles un aspect un peu aplani au niveau des rameaux les plus bas et plus ou moins cylindrique au reste de l’arbre. Feuilles (14-18 mm) aciculaires, sessiles, épaisses, légèrement tordues à la base, rigides, la plupart aiguës, piquantes, les autres obtuses, mais jamais émarginées. Cônes mâles ovoïdes (1-1,5 cm), rougeâtres et sessiles. Cônes femelles cylindriques (2-3 cm), verdâtres et sessiles. Strobiles cylindriques (10-16 × 3-5 cm), dressés, déhiscents très tôt après la maturité, ne demeurant sur l’arbre une grande partie de l’année que les axes dressés où étaient disposées les écailles.

Floraison:

avril-mai.

 

Fructification:

le strobile est complètement formé au mois de juin, montrant alors une couleur verdâtre-blanchâtre, qui tourne au brunâtre au mois d’août, la déhiscence et la dispersion des graines se produisant de fin août à fin octobre.

Habitat:

Montagnes calcaires, à brouillard et précipitations abondantes, de (1000)1200 à 2100 m d’altitude. En zones à bioclimat subhumide à hyperhumide, aux étages supraméditerranéen et oroméditerranéen. Elle forme des forêts pures denses, ou apparaît parfois mélangée au sein de forêts plus ou moins mixtes avec Cedrus atlantica, Pinus nigra, P. pinaster, Quercus rotundifolia ou Q. faginea.

Distribution:

Endémique du Rif occidental (montagnes de la région de Chefchaouen : massif de Tallassemtane –Djebel Lakraa, Djebel Tazaot, etc.– et Djebel Kelti).

Observations:

Chez les arbres andalous (A. pinsapo Boiss.), les bractées sont émarginées et mucronées et 1/3 à 1/4 plus courtes que les écailles ovulifères, qui sont aussi longues que larges. Chez les arbres du Rif, les bractées sont subulées et moitié plus courtes que les écailles ovulifères, qui sont plus larges que longues. D’autres différences identifiées résident dans le port des arbres et la taille des feuilles et des strobiles. On a voulu séparer les deux peuplements au niveau spécifique (Maire, 1961 ; Fennane et al., 1999 ; Valdés et al., 2002 ; Dobignard et Chatelain, 2012), bien que pour de nombreux auteurs (Ruiz de la Torre, 1979 ; López, 1982 ; Franco, 1987 ; Farjon, 1990, 2010 ; The Plant List, 2012), cette séparation ne semble pas justifiée. Une autre polémique concerne A. tazaotana Cózar ex Villar (A. pinsapo Boiss. var. tazaotana (Cózar ex Villar) Pourt. & Trump), endémique du Djebel Tazaot (Rif occidental), qui se différencie fondamentalement par sa grande taille (30-50 m), son houppier ovoïde, ses ramilles flexibles et retombantes et ses strobiles plus grands (16-20 × 4-6 cm). Ce sapin vit à seulement une dizaine de kilomètres de A. maroccana, et il existe des arbres à caractéristiques intermédiaires entre les deux taxons. Ces deux faits amenèrent Sanchez Cózar lui-même à la conclusion que le rang spécifique n’était pas précisément le plus adéquat pour sa nouvelle espèce, qualifiée de sous-espèce ou de variété par des auteurs postérieurs, et aujourd’hui de simple variation morphologique locale.

État de conservation:

Espèce localement commune, mais à aire de répartition très restreinte. Évaluée comme A. pinsapo var. marocana dans la Liste rouge des espèces de l’UICN, elle y est considérée comme En danger (EN) (Alaui et al., 2011). Au Maroc, elle est incluse dans la Liste des espèces nécessitant une autorisation pour toute utilisation à des fins commerciales (loi 29-2005 et décret 2-12-484 du 21 mai 2015).

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