Acer opalus Mill.
A. italum Lauth
Fra.: Érable à feuilles d’aubier. Esp.: Acirón, arce, ásar. Ang.: Opalus maple. Ara.: Keïkab, keïkob, siqmur, asfendan. Tam.: Tfifia, arich.
Petit arbre caducifolié, polygame, atteignant 10-12(15) m de haut, à port irrégulier, à houppier habituellement arrondi lorsqu’il vit isolé. Tronc bien défini, droit ou légèrement tortueux en environnements rupicoles, à écorce brun-grisâtre, épaisse, fendillée. Rameaux grisâtres ou brun-jaunâtre, à écorce lisse, les plus jeunes verdâtres ou brun-rougeâtre, pubescents. Feuilles de 2,5-18(20) × 2,5-17(19) cm, opposées, palmées, pentalobées, les plus petites rarement trilobées, coriaces ou non, glabres, lustreuses de couleur vert vif sur l’endroit, plus ou moins pubescentes, du moins au niveau des nervures principales, à densément tomenteuses sur l’envers. Lobules inégaux, irrégulièrement dentés ou serrés, les 2 basaux plus petits, rarement absents, les supérieurs habituellement à sinus de profondeur variable (15-70 % du limbe), parallèles à convergents. Pétiole bien développé, poilu ou glabre. Inflorescences corymbiformes, pendantes, à pédoncules plus ou moins pubescents. Fleurs hermaphrodites ou unisexuées (mâles) blanc-jaunâtre à verdâtre-jaunâtre. Calice à 4-5 sépales libres. Corolle à 5 pétales disposés en alternance avec les sépales, qui naissent d’un disque charnu duquel partent également les 8 étamines de la fleur, très exsertes chez les fleurs mâles. Fruit en disamare, à zone séminifère glabre ou poilue et ailes qui forment un angle habituellement aigu, rarement obtus, de (30)40-100(120)°.
Floraison:
mars-juin.
Fructification:
septembre-novembre.
Habitat:
Forêts, sur terrains généralement calcaires, plus rarement sur substrats siliceux, en milieux frais et humides. Elle se comporte occasionnellement comme une espèce subrupicole. En zones à bioclimat subhumide à humide, aux étages mésoméditerranéen et supraméditerranéen.
Distribution:
S. de l’Europe, de la péninsule ibérique aux Balkans ; N. du Maroc et de l’Algérie, Liban, Syrie, Anatolie, Crimée, Caucase et N. de l’Iran.
Observations:
La taxonomie des plantes rattachées à A. opalus est extrêmement complexe du fait de l’existence de nombreuses formes intermédiaires entre les différentes sous-espèces. La tendance actuelle est à considérer au moins 3 espèces dans le secteur de la Méditerranée occidentale, jusqu’à la Dalmatie et la péninsule balkanique (Sánchez-Gómez & Güemes, in Flora iberica, 2015).
Dans le N. de l’Afrique, 2 sous-espèces peuvent être distinguées :
A. opalus subsp. granatense (Boiss.) Font Quer & Rothm. (A. granatense Boiss., A. opalus subsp. hispanicum (Pourret) Jahand. & Maire, A. hispanicum Pourr.), endémique d’optimum bético-rifain qui s’étend à travers les montagnes ibéro-lévantines jusqu’à Montserrat (Barcelone) et les îles Baléares (Majorque). Plus au N., dans la zone pré-pyrénéenne, elle est en introgression avec la sous-espèce type. Elle est localement commune dans le N. de l’Afrique, voire abondante dans les montagnes calcaires du Rif occidental, où elle forme part des forêts mixtes de sapins, cèdres et chênes marcescents. Elle se distingue des autres sous-espèces de la Méditerranée occidentale par ses feuilles habituellement plus petites, de jusqu’à 8(10) cm, à lobules supérieurs des feuilles à sinus plus ou moins profonds et parallèles, et ses fruits plus petits, à ailes qui forment un angle aigu de jusqu’à 70°.
A. opalus subsp. neapolitanum (Ten.) Sánchez-Gómez & Güemes (A. obtusatum Waldst. & Kit. ex Willd.), est présente en Algérie, où elle forme de petits peuplements (Atlas tellien oriental, du massif de l’Ouarsenis au massif de l’Edough). Il est supposé que cette sous-espèce est parvenue en Algérie au travers de la péninsule italique, où elle bénéficie de sa représentation la plus importante ; elle présente des feuilles de très grande taille, jusqu’à 18(20) cm, à envers densément tomenteux, et de grands fruits qui forment un angle plus obtus que ceux des autres sous-espèces.
En Algérie, et de manière ponctuelle (Djurdjura, au S.-O. d’Alger, à Zaccar, et Djebel Chélia, dans le massif de l’Aurès), a également été indiqué A. opalus s.l., ainsi que A. hyrcanum Fisch. & C.A.Mey., encore plus rare, dans la dernière localité citée (Quézel & Santa, 1963). Ces peuplements déviants, contrairement à la subsp. neapolitanum, présentent des feuilles un peu plus petites et à envers glabrescent, et ont été, selon les auteurs, interprétés comme appartenant à la sous-espèce type (subsp. opalus) ou comme correspondant à des formes introgressées avec A. monspessulanum (Quézel & Santa, op. cit.). Dans leur ensemble, bien que présentant une morphologie foliaire convergente avec celle de la sous-espèce type, ils doivent être interprétés comme des peuplements isolés d’origine ancienne, ou éventuellement comme des peuplements introgressés avec l’une des sous-espèces mentionnées pour le N. de l’Afrique. De fait, il est également possible d’observer chez les peuplements marocains du Rif des exemplaires déviants de la subsp. granatense ayant pu subir des processus d’introgression.
État de conservation:
Espèce commune et à aire de répartition vaste. Considérée comme de Préoccupation mineure (LC) à l’échelle mondiale dans la Liste rouge des espèces de l’UICN (Crowley et al., 2018). Dans le Livre Rouge de la flore vasculaire du Maroc (Fennane, 2021), a été considérée comme Vulnérable (VU). En Algérie, elle est incluse dans la Liste des espèces végétales non cultivées protégées (Décret exécutif 12-03 du 4 janvier 2012).