Pinus nigra J.F. Arnold subsp. mauretanica (Maire & Peyerimh.) Heywood
P. nigra var. mauretanica Maire & Peyerimh., P. clusiana subsp. mauretanica (Maire & Peyerimh.) Maire
Fra.: Pin noir. Esp.: Pino salgareño, pino laricio. Ang.: Black pine. Ara.: Senuber, snuber. Tam.: Anagro, negro (Le Rif), taïda.
Arbre à feuilles persistantes, monoïque, de taille moyenne pouvant atteindre 20 m de haut, à port très irrégulier chez les exemplaires adultes, pyramidal chez les plus jeunes. Tronc de jusqu’à 1 m de diamètre, droit, à écorce épaisse grisâtre-argenté, qui devient gris foncé et très fendillée chez les vieux exemplaires. Rameaux généralement verticillés, arqués-ascendants dans les parties basses, irréguliers vers la cime. Ramilles orangées. Feuilles aciculaires, rigides, minces (10-14 × 0,16-0,19 cm), groupées en paires et entourées à la base d’une fine gaine membraneuse. Cônes mâles subcylindriques (1,5-2 × 0,5-0,7 cm), subsessiles, de couleur jaunâtre, croissant en groupes au bout des ramilles. Cônes femelles ovoïdes très courts (8-15 mm), solitaires ou verticillés, de couleur rouge. Strobiles subsessiles, ovoïdes-coniques (4-6 × 2-4 cm). Écailles à apophyse déprimée au centre de laquelle se présente un petit appendice plus ou moins saillant. Pignons très petits (5-7 mm), à aile relativement grande (20-25 mm).
Floraison:
mars-mai.
Fructification:
entre septembre et novembre de la seconde année, l’ouverture des pommes de pin et la dissémination des graines ayant lieu au printemps de la troisième année.
Habitat:
Montagnes calcaires et calcaro-dolomitiques humides situées entre 1400 et 1800 m, en ombrotype subhumide à hyperhumide. Au contraire de l’Europe méditerranéenne, où l’espèce forme des pinèdes parfois très pures, voire monospécifiques, ce pin apparaît au Maghreb de manière très dispersée au sein des cédraies et sapineraies, en association avec des ifs, des chênes zéens et faginés et des érables. Il s’agit vraisemblablement de son environnent le plus naturel.
Distribution:
L’aire de répartition de P. nigra se situe principalement au S. de l’Europe, depuis la péninsule ibérique jusqu’à la Crimée et l’Anatolie. Dans le N. de l’Afrique, d’où est endémique la sous-espèce mauretanica, elle se fait très rare. Seuls quelques exemplaires isolés ou de petits bosquets peuvent être trouvés en Algérie, dans une localité de la partie centrale du massif du Djurdjura (à l’O. de Tidjka), et dans le Rif occidental (massif de Ghomara), mais sans former pour autant de grandes masses. Dans le Rif central, il a également été cité à Aknoul.
Observations:
Cette espèce est clairement en processus de régression dans le N. de l’Afrique (à l’instar de nombreuses espèces arborescentes forestières autochtones), et il conviendrait d’enrayer cette tendance en dissipant les menaces qui pèsent sur elle et en l’utilisant davantage (en association avec des cèdres, sapins, chênes tauzins, zéens, faginés et verts, et érables autochtones) au sein des repeuplements de la haute et moyenne montagne calcaire du Maghreb. Les plantations d’autres espèces de pins non indigènes, tels que P. brutia Ten., P pinea L. ou P. canariensis C. Sm., devraient en revanche être éliminées progressivement. La situation délicate de P. nigra dans le N. de l’Afrique fait l’objet d’une riche bibliographie.
État de conservation:
Espèce très commune et à aire de répartition vaste. En tant qu’espèce au sens large (y compris la subsp. salmaznnii), elle est considérée comme de Préoccupation mineure (LC) à l’échelle mondiale dans la Liste rouge des espèces de l’UICN (Farjon, 2013). Néanmoins, les peuplements nord-africains, considérés dans ce projet comme subsp. mauretanica, ne présentent qu’un nombre d’exemplaires très réduit. Si cette sous-espèce venait à être évaluée à l’échelle nationale et/ou régionale, elle serait probablement considérée comme menacée. Au Maroc, elle est incluse dans la Liste des espèces nécessitant une autorisation pour toute utilisation à des fins commerciales (loi 29-2005 et décret 2-12-484 du 21 mai 2015). En Algérie, elle est incluse dans la Liste des espèces végétales non cultivées protégées (décret exécutif 12-03 du 4 janvier 2012).