Populus euphratica Oliv.
Fra.: Peuplier de l’Euphrate. Esp.: Álamo moro. Ang.: Euphrates poplar, desert poplar. Ara.: Sefsaf, safsaf, merssiche, requeiqab (Égypte).
Arbre caducifolié, dioïque, atteignant 20 m de haut, à port très irrégulier. Tronc plus ou moins droit et lisse, parfois très tortueux, pouvant exceptionnellement atteindre jusqu’à 1 m de diamètre. Écorce grisâtre-blanchâtre. Ramilles pubescentes de jeunesse, devenant par la suite glabres, de couleur brun-jaunâtre. Bourgeons à 2 écailles, peu ou pas visqueuses, glabrescentes. Feuilles alternes, glauques, concolores, glabres, longuement pétiolées, très polymorphes. Chez les arbres jeunes sont fréquentes les feuilles lancéolées, entières, parfois pourvues d’une dent dans la moitié supérieure. Chez les exemplaires adultes, et en particulier dans la partie supérieure, les feuilles sont généralement réniformes, parfois plus larges que longues, entières au niveau de leur partie inférieure et irrégulièrement dentées-lobulées dans la supérieure. Apparaissent également assez fréquemment des feuilles plus ou moins rhomboïdales, pareillement entières dans leur partie inférieure et plus ou moins grossièrement dentées au sommet. Fleurs en chatons pendants, courts, formant des racèmes plus ou moins denses. Fleurs des chatons mâles à pédicelle court (2-4 mm), disque membraneux, glabre et caduc, à 12-14 étamines et anthères pourprées. Fleurs des chatons femelles à pédicelle beaucoup plus long (8-12 mm), disque semblable à celui des fleurs mâles et ovaire terminé en 3 grands stigmates pourprés. Fruit en capsule ovoïde-allongée, lisse, coriace, déhiscente en 2-3 valves, qui renferme de nombreuses graines à poils blanchâtres.
Floraison:
février-avril.
Fructification:
avril-juin.
Habitat:
Berges des cours d’eau permanents ou semi-permanents en climat méditerranéen ou désertique. Elle tolère bien la sécheresse et un taux de salinité relativement élevé pour le genre.
Distribution:
Espèce à aire de répartition très vaste et discontinue, depuis le N. de l’Afrique jusqu’à l’Asie centrale (Himalaya, Chine et Mongolie), manquante dans de vastes zones intermédiaires. Introduite dans un canal d’irrigation à eaux légèrement saumâtres à proximité d’Elche (Alicante, Espagne). Dans le N. de l’Afrique, elle se fait rare et apparaît disséminée entre le Maroc oriental (rivières Moulouya, Msoum, Ouizert, Bou-Adil, Ziz, etc.) et l’Algérie occidentale (Lalla Maghnia, Ghazaouet, et les rivières El Hammam-El Guelta, Mya, etc.). Elle manque en Tunisie et en Libye, mais apparaît de nouveau en Égypte (oasis de Siwa).
Observations:
Compte tenu de l’étendue de son aire de répartition et de l’évolution isolée des petits peuplements existants, plusieurs variétés se sont différenciées. Apparaissent dans l’aire d’étude P. euphratica var. mauritanica (Dode) Maire (P. mauritanica Dode), à bourgeons et capsules glabrescents, et P. euphratica var. bonnetiana (Dode) Maire (P. bonnetiana Dode), à bourgeons pubescents et capsules laineuses ; cette dernière variété se distingue en outre par la douce teinte jaunâtre de ses feuilles.
P. euphratica est une espèce très rare et primitive. Son bois est rouge et dur, très différent de celui des autres arbres du genre. Ses parents les plus proches, disparus de très longue date, semblent être P. mutabilis, du Tertiaire moyen (Europe centrale et Amérique du Nord) et P. massiliensis, du Miocène (S.-E. de la France). Cet arbre exceptionnel, qui peut être considérée comme un fossile vivant, présente une grande valeur biogéographique et esthétique, et, malgré sa croissance plus lente, devrait être davantage utilisé pour le repeuplement des berges des rivières du N. de l’Afrique. En marge de l’intérêt que peut représenter la récupération d’une espèce en voie de raréfaction, cet arbre s’avère parfaitement adapté au repeuplement des rives des zones humides permanentes ou temporaires, du fait d’une tolérance à la sécheresse et à la salinité plus importante que celle du reste des espèces du genre.
État de conservation:
Espèce peu commune mais à aire de répartition vaste, qui n’est pas considérée comme menacée. Elle n’est actuellement pas évaluée à l’échelle mondiale dans la Liste rouge des espèces de l’UICN. Dans la Liste rouge des plantes vasculaires d’Égypte (Flora Aegyptiaca Vol 1, 2000), elle est cataloguée comme « menacée ». En Algérie, elle est incluse dans la Liste des espèces végétales non cultivées protégées (décret exécutif 12-03 du 4 janvier 2012).