Cedrus atlantica (Endl.) Manetti ex Carrière
Pinus atlantica Endl., C. libani A. Rich. subsp. atlantica (Endl.) Batt. & Trab.
Fra.: Cedre de l’Atlas. Esp.: Cedro del Atlas. Ang.: Atlas cedar. Ara.: Meddad, beguium. Tam.: Inguel, iguengen, idgel, ijdel, idil, adiil, iblez, adgal, edgeich, obhal, abaual, arz, arzaq, erz, lerz, larisq.
Grand arbre à feuilles persistantes, monoïque, atteignant 50 m de haut, à port irrégulier, les rameaux formant une sorte d’étages qui culminent en une cime généralement plane. Les jeunes exemplaires coniques-pyramidaux. Tronc droit, un peu tortueux en conditions extrêmes, de jusqu’à 2 m de diamètre, des arbres millénaires ayant été abattus avec des troncs atteignant même jusqu’à 4-5 m de diamètre dans le Rif central. Écorce noirâtre très fendillée, grisâtre sur les rameaux et les jeunes troncs. Les rameaux naissent semi-perpendiculaires au tronc, plus ou moins horizontaux, étalés, formant un houppier assez peu densifié, intermédiaire entre celui des pins et des sapins. Ramilles généralement droites. Feuilles aciculaires, semi-rigides, aiguës, tétragonales, isolées et longues au niveau des macroblastes (25-40 mm), plus courtes et groupées en rosette formant des brachyblastes (8-19 mm). Elles sont de couleur vert vif à tons blanchâtre-bleuâtre. Les cônes mâles naissent solitaires, cylindriques, dressés au centre de la rosette de feuilles (3-6 cm). Cônes femelles sur le même arbre, également solitaires au centre des brachyblastes, ovoïdes-cylindriques, d’un vert pourpré. Strobiles ligneux (5-13 × 3-9 cm) en forme de tonnelet, ombiliqués à l’apex, à écailles très effilées et opprimées. Deux graines par écaille, à aile triangulaire très grande.
Floraison:
automne.
Fructification:
automne de l’année suivante, la déhiscence se produisant au cours de l’hiver suivant.
Habitat:
Sur tous types de sols sur plateaux et montagnes de (900)1000 à 2600(2800) m, avec des précipitations annuelles généralement supérieures à 500 mm. En zones à bioclimat subhumide à hyperhumide, aux étages mésoméditerranéen supérieur à oroméditerranéen. Elle supporte bien la sécheresse et les gelées. Forme de grands peuplements forestiers purs, ou mixtes avec Abies marocana, A. numidica, Pinus pinaster, Juniperus thurifera, Quercus rotundifolia, Q. faginea, Q. canariensis, Q. pyrenaica ou Q. afares.
Distribution:
Endémique du N. de l’Afrique, l’espèce est localisée au Maroc dans le Rif centro-occidental, le Moyen Atlas (y compris le Djebel Tazzeka) et le Haut Atlas oriental. En Algérie, dans les massifs montagneux de la Kabylie (Djurdjura, Tikjda, Babor et Tababor), les Bibans (Ouanougha), l’Atlas blidéen (Chréa), l’Ouarsenis (Teniet El-Had, Boucaid, etc.), l’Aurès (Belezma et Chélia) et les monts du Hodna.
Observations:
Considérée durant longtemps comme une sous-espèce de C. libani, elle se différencie fondamentalement par sa taille, ses feuilles et ses cônes plus petits. Chez le cèdre du Proche-Orient, les feuilles et les rameaux sont sensiblement pendants, chose qui n’arrive généralement pas chez C. atlantica. Le cèdre libanais, tant au point de vue géographique que taxonomique, est actuellement considéré comme une espèce intermédiaire entre le cèdre de l’Himalaya, C deodara (Roxb. ex D. Don) G. Don, et le cèdre de l’Atlas.
En haute montagne, le cèdre se présente comme la meilleure solution pour éviter les désastres provoqués par les inondations et l’érosion, car il forme un sol forestier meuble capable de retenir et de céder peu à peu les grandes quantités d’eau produites durant les orages et le dégel. Ces dégâts sont flagrants là où la forêt a disparu ou s’est raréfiée : pistes, routes et lignes électriques coupées, destructions habituelles de ponts et de terres arables, etc. Davantage que de coûteux investissements, la régénération de la forêt ne requiert parfois qu’une simple interdiction du passage du bétail. De fait, les résultats obtenus suite à la clôture de petites parcelles s’avèrent spectaculaires, avec une multitude de jeunes cèdres tapissant un sol où la régénération naturelle n’avait pratiquement plus lieu depuis des siècles.
État de conservation:
Espèce localement commune, mais à aire de répartition très restreinte. Elle est considérée comme En danger (EN) à l’échelle mondiale dans la Liste rouge des espèces de l’UICN (Thomas, 2013). En Algérie, elle est incluse dans la Liste des espèces végétales non cultivées protégées (décret exécutif 12-03 du 4 janvier 2012).