Laurus azorica (Seub.) J. Franco
Persea azorica Seub.
Fra.: Laurier sauce, laurier d’Apollon. Esp.: Laurel, loro. Ing.: Bay leaf tree, bay tree, laurel. Ara.: Sshager el ghar, chejrate sidna-moussa, chajarat sidna moussa, errand, rend, round, habb r’ar (fruit). Tam.: Taselt.
Petit arbre à feuilles persistantes, dioïque, atteignant jusqu’à 10 m de haut (jusqu’à 20 m dans de bonnes conditions de climat et de sol), à feuillage dense et port irrégulier. Le tronc est plus ou moins droit, à écorce lisse et très mince, de couleur grisâtre ou presque noire. Branches dressées, robustes. Rameaux jeunes densément villeux, avec de nombreux poils jaunâtres et ferrugineux. Feuilles jusqu’à 17 x 8 cm un peu coriaces, suborbiculaires (dans le Haut-Atlas Maire a décrit la f. rotundifolia) à lancéolées, hirsutes-tomenteuses quand elles sont jeunes, puis glabrescentes, avec la marge entière et légèrement ondulée, de couleur vert foncé sur l’endroit un peu glauques sur l’envers ; elles croissent opposées sur un court pédicelle (0,5-1,5 cm). Les fleurs mâles naissent groupées en une sorte d’ombelle à l’aisselle des feuilles, et sont formées par 4 pièces pétaloïdes (3-4,5 × 1,5-2 mm), oblongues, de couleur blanc-jaunâtre, à 16-20 étamines. Les fleurs femelles sont très semblables, mais au lieu des étamines, elles ont 4 filaments stériles qui naissent autour d’un ovaire subsessile verdâtre. Le fruit est une baie charnue (10-20 mm), ovoïde, de couleur noire.
Floraison:
avril.
Fructification:
septembre-octobre.
Habitat:
Forêts, matorrals, formations rocheuses et berges en zones à bioclimat subhumide à hyperhumide, plus rarement sec, se développant alors le long des cours d’eau et autres zones à humidité édaphique relativement élevée. Présent depuis le niveau de la mer jusqu’à 2000 m.
Distribution:
Archipels des îles Canaries, Madère et Açores. Au Maroc de petites populations reliques de ce laurier survivent, dans des conditions écologiques différentes. Dans le Haut-Atlas centro-occidental (El Ksiba, Béni Mellal, Djebel Tazarkount, Djebel Ghnim) et dans l’Anti-Atlas occidental (escarpements rocheux de la rivière Anzi, à l’est de Tiznit, et plus au sud dans Addar).
Observations:
En 2002, les peuplements des îles Canaries et de Madère ont été séparés comme L. novocanariensis Rivas Mart., Lousã, Fern. Prieto, E.Días, J.C.Costa & C.Aguiar (L. canariensis Webb & Berthel., non Wild.), et il semblerait donc cohérent de penser, du fait de leur proximité géographique, que l’identité des plantes du Maroc devraient être ramenée à ce dernier taxon. Néanmoins, une révision génétique plus récente (Rodríguez-Sánchez et al., 2009) conclut que les peuplements macaronésiens et ceux du sud du Maroc doivent tous être assignés à L. azorica. Jusqu’à leur découverte au sud du Maroc, ces espèces étaient considérées endémiques de la laurisylve, un type de forêt tropicale qui couvrait la région méditerranéenne au cours du Tertiaire, et dont il ne subsiste actuellement que quelques masses reliques au sein des îles macaronésiennes. Dans le Haut-Atlas, ce laurier est cantonné à de petits escarpements calcaires de formations de Quercus rotundifolia, toujours exposés du nord à l’ouest, entre 1600 et 2000 m d’altitude. Dans l’Anti-Atlas, ces peuplements subsistent sur des escarpements rocheux, où apparaissent également Dracaena draco, dans les adrets, et Q. rotundifolia, dans les ubacs. Ces petits peuplements constituent les derniers vestiges continentaux de l’espèce, et présentent donc un extraordinaire intérêt génétique et biogéographique.
État de conservation:
L. azorica y est considérée comme Quasi menacée (NT) à l’échelle mondiale (World Conservation Monitoring Centre, 1998). Cependant, les populations de l’Atlas et de l’Anti-Atlas n’ont pas encore été suffisamment étudiées. Elles sont très rares, réduits et fragmentées, et sont menacées par l’exploitation humaine, leur protection doit être maximale.