Apteranthes R.Br.
Genre composé de 6 espèces de plantes cactiformes, qui se répartissent à l’extrême Sud de l’Europe, de l’Afrique du Nord, du péninsule arabique et du Moyen-Orient, s’étendant à l’Est jusqu’en Inde. Dans le nord de l’Afrique vivent 4 espèces. Bien qu’ils ne puissent pas être considérés comme des espèces arboricoles ou arbustives, ce genre est discuté ici car sa plus grande espèce (A. joannis) a des tiges quelque peu lignifiées à la base et une longueur allant jusqu’à 3-4 m.
Parmi les Apocynaceae et plus spécifiquement parmi les lignées de plantes succulentes (ancienne famille des Stapelioideae, qui est maintenant incluse dans la tribu Ceropegieae) plusieurs révisions et réajustements de genres ont été effectués, parmi lesquels les 5 qui sont présents en Afrique du Nord. La classification la plus récente sera suivie ici (Govaerts et al. 2021).
La plupart de ces espèces étaient auparavant attribuées au genre Caralluma R.Br. tous de petite taille en sus de 2 genres de plus grande taille, les précités Apteranthes joannis et Desmidorchis retrospiciens, dont nous parlerons plus en détail, les autres se répartissent comme suit :
A. munbyana (Decne. ex Munby) Meve & Liede [Caralluma munbyana (Decne. ex Munby) N.E. Br.], à tiges de jusqu’à 30(40) cm, toujours tétragonales, non cylindriques au sommet, à fleurs plus petites (> 15 mm), corolle entièrement pourpre foncé et lobes linéaires, glabres Endémique ibéro-maghrébine (S.-E. de l’Espagne et N. du Maroc et de l’Algérie).
A. burchardii subsp. maura (Maire) Meve & F. Albers [Caralluma burchardii subsp. maura (Maire) Meve & F. Albers], à tiges de jusqu’à 30(40) cm, toujours tétragonales, non cylindriques au sommet, à fleurs encore plus petites (6-10 mm), corolle pourpre foncé mais parfois si densément recouverte de poils blancs qu’elle semble blanchâtre. Endémique du S.-O. du Maroc (la sous-espèce type, des îles Canaries orientales).
A. europaea (Guss.) Murb. [Caralluma europea (Guss.) N.E.Br., Desmidorchis europea (Guss.) Kuntze], à tiges de jusqu’à 30(40) cm, toujours tétragonales, non cylindriques au sommet, à fleurs de 12-20 mm de diamètre, lobes de la corolle à lignes transversales rouges sur fond blanc au niveau de leur base, et qui deviennent de plus en plus denses pour aboutir en une partie terminale du lobe entièrement rouge. Aire méditerranéenne du N. de l’Afrique, du Maroc à l’Égypte, avec quelques peuplements dans le S.-E. de l’Espagne et en Sicile. L’espèce a été divisée en deux sous-espèces en fonction de la couronne staminale externe : si elle est allongée en forme d’ongle, on se retrouve devant la subsp. maroccana (Hook.f.) Plowes, endémique du Maroc et, si la couronne staminale externe a des lobes réduits à des boules sessiles, il s’agit de subsp. europaea, qui s’étend sur toute l’aire de répartition de l’espèce.
Caralluma dalzielii N.E. Br. [C. sudanica Bruyns, Ceropegia sudanica (Bruyns) Bruyns. Avec les derniers changements taxonomiques, le genre Caralluma n’est représenté en Afrique du Nord que par cette espèce. Elle a également été citée ici sous des noms invalides, déjà utilisés pour des taxons indiens ou arabes : C. adscendens (Roxb.) R.Br., non (Roxb.) Haw.; C. fimbriata auct., non Wall.; C. attenuata auct., non Wight; C. subulata auct., non Forssk. ex Decne]. C’est une plante succulentede de jusqu’à 60(100) cm, à tiges présentant 4 angles très marqués, mais longuement cylindriques dans la partie supérieure (florifère), fleurs solitaires ou géminées, grandes (c. 25 mm), à lobes de la corolle à base triangulaire et de couleur tigrée (jaunes à rayures noires transversales), puis, vers le sommet, lancéolés, pourpre foncé et fimbriés à longs poils pourpre foncé. Afrique tropicale septentrionale sèche, principalement au Sahel, du Sénégal et de la Mauritanie à la Somalie.
Le genre Caralluma comprenait également le petit genre Caudanthera, qui ne compte que 4 espèces, dont 2 dans le N. de l’Afrique :
Caudanthera edulis Meve & Liede [Caralluma edulis (Edgew.) Benth. ex Hook.f., Caralluma vittata N.E.Br., Boucerosia edulis Edgew., Spiralluma longidens (N.E.Br.) Plowes], de jusqu’à 20(30) cm, tiges présentant 4 angles très marqués, mais longuement cylindriques dans la partie supérieure (florifère), fleurs solitaires ou en petits groupes de 2-4, longuement pédicellées, à moitié basale campanulée divisée en 5 lobes triangulaires à la base, puis longuement linéaires, blanchâtres et glabres. Afrique et Asie, du Sénégal à l’Inde. En Afrique, elle s’étend au N., en suivant la côte de la mer Rouge, jusqu’au Djebel Elba.
Caudanthera sinaica (Decne.) Plowes [Caralluma sinaica (Decne.) A. Berger, Boucerosia sinaica Decne., Caralluma maris-mortui Zohary], de jusqu’à 30(40) cm, tiges à 4 angles très marqués, mais longuement cylindriques dans la partie supérieure (florifère), à 3-5 fleurs, corolle de 6-8 mm, blanchâtre-jaunâtre, à lobes longuement triangulaires, couverts de cils blancs. S.-E. de la Méditerranée et péninsule arabique. Du Sinaï, de la Palestine et de l’Israël jusqu’au Yémen.
Orbea decaisneana (Lem.) Bruyns [Caralluma venenosa Maire, Ceropegia venenosa (Maire) Bruyns, Pachycymbium decaisneanum (Lem.) M.G. Gilbert, Desmidorchis decaisneana (Lem.) Kuntze]. Une espèce étrange qui, après avoir été incluse, entre autres, dans les genres Caralluma, Desmidorchis ou Ceropegia, est maintenant incluse dans le genre Orbea. Elle est aisément différenciable par ses tiges, de jusqu’à 30(50) cm de haut, parcourues par de amples appendices coniques, à fleurs grandes (20-25 mm de diamètre) de couleur rouge-pourpré foncé ; elle est endémique du Maroc, où elle est amplement répartie dans les zones sèches, de la Méditerranée au Sahara septentrional. Certaines populations ont été séparées au niveau infraspécifique, comme O. decaisneana subsp. hesperidum (Maire) Jonkers [Caralluma decaisneana subsp. hesperidum (Maire) Raynaud, C. hesperidum Maire, C. commutata subsp. hesperidum (Maire) Maire], bien que cette division semble maintenant peu acceptée.
Les 7 taxons mentionnés ci-dessus sont généralement peu communs mais avec des aires de répartition plus ou moins étendues. Aucune n’est évaluée à l’échelle mondiale sur la Liste rouge des espèces de l’UICN. Dans le Liste rouge des plantes vasculaires d’Égypte (Flora Aegyptiaca Vol 1, 2000), C. edulis (en tant que Caralluma vittata) est cataloguée comme « rare ». Dans le Livre Rouge de la flore vasculaire du Maroc (Fennane, 2021), A. burchardii subsp. maura et A. munbyana ont été considérées comme En danger (EN), A. europaea et O. decaisneana comme Quasi menacées (NT) et C. sinaica comme Non applicable (NA). En Algérie, O. decaisneanum (en tant que Caralluma venenosa) est incluse dans la Liste des espèces végétales non cultivées protégées (Décret exécutif 12-03 du 4 janvier 2012). Comme cette espèce a traditionnellement été inscrite dans le genre Pachycymbium, lorsque toutes les espèces de Pachycymbium étaient inscrites à l’annexe II de la CITES, elle continue maintenant d’être incluse ici.
Les autres espèces cactiformes du N. de l’Afrique, du genre Euphorbia, se différencient bien par leur caractère épineux, leur latex blanc et leurs fleurs minuscules (2,5-6,5 mm de diamètre) ; chez ces Apocinaceae, les épines sont absentes, le latex incolore et les fleurs plus grandes (6-30 mm).
Voir ci-dessous la clé des espèces du genre Apteranthes, qui regroupe aujourd’hui la plupart de ces espèces.
Bruyns, P., Al-Farsi, A. & Hedderson, T. 2010. Phylogenetic relationships of Caralluma R.Br. (Apocynaceae). Taxon 59(4):1031-1043
Gilbert, M.V. 1990. A review of Caralluma R.Br. and segregates. Bradleya 8: 1-32.
Govaerts, R., Nic Lughadha, E., Black, N., Turner, R. & Paton, A. (2021). The World Checklist of Vascular Plants, a continuously updated resource for exploring global plant diversity. https://doi.org/10.1038/s41597-021-00997-6. Scientific Data 8: 215.
Meve, U. & Liede, S. 2002. A molecular phylogeny and generic rearrangement of the stapelioid Ceropegieae
(Apocynaceae-Asclepiadoideae). Plant Systematics and Evolution, 234(1), 171-209.
Plowes, D.C.H. 1995. A reclassification of Caralluma R. Brown (Stapelieae: Asclepiadaceae). Haseltonia 3: 49-70.
Clé des espèces
1 Plante robuste dont les tiges atteignent facilement 1 m de long. Fleurs de 20-25 mm de diamètre. Corolle verruqueuse et légèrement poilue sur les bords des lobes Apteranthes joannis
1 Plante moins robuste avec des tiges généralement inférieures à 0,6 m de longueur. Fleurs inférieures à 15 mm. Corolle glabre ou ciliée 2
2 Corolle à lobes linéaires Apteranthes munbyana
2 Corolle à lobes triangulaires ou ovales 3
3 Corolle à divisions couvertes à l'intérieur de poils blancs (rarement verts) qui lui donnent un aspect blanc. Couronne staminale avec appendices en forme crochet parfois allongé à son extrémité Apteranthes burchardii
3 Corolle à divisions ciliées ou non, mais peu poilue, violette ± strié en hélice de lignes jaunâtres ou verdâtres Apteranthes europaea
Mis à jour par: J. Charco, J.F. Mota & F.J. Pérez García.